Derb Ghallef
MONOGRAPHIE URBAINE
DATE : 2008
« Le propre du Casablancais, est la confiance en soi, en sa ville ; c’est la marche en avant et l’audace. »
R.A. Griffel dans France- Maroc
En tant que mode de production du bâti et de faire la ville, Derb Ghallef oppose à la perception commune de la densité une réponse nouvelle, car empirique, indépendante de toute projection mentale et inscrite dans le temps de la ville. De plus, la confrontation des caractéristiques (urbaines, sociales, économiques et culturelles) du quartier aux données théoriques de définition du patrimoine au Maghreb et plus précisément à Casablanca, montre que ce quartier spontané est clairement un élément définitif de l’identité Casablancaise, participant de son patrimoine au même titre que ses monuments coloniaux.
Aujourd’hui, Derb Ghallef se trouve au centre de la ville, à la croisée des zones les plus dynamiques, et brassant une quantité grandissante de denrées. Il concentre par conséquent l’attention des autorités de la ville depuis une récente prise de conscience urbaine au Maroc. Seulement, le quartier est aussi une zone de non-droit, d’insalubrité, sur laquelle les élus ont peu, sinon pas, d’informations. Il y a donc un problème de rôle, de fonctions, de significations à confirmer, renforcer ou créer. Sans cela il est impossible de dépasser le cadre exigu des solutions sectorielles dictées par les conditions d’urgence.
De plus, depuis sa création, Derb Ghallef a été marginalisé par la ville et ses habitants. C’est un quartier auto-construit. De ce fait, il n’existe aucune littérature reliée d’une quelconque façon à ce quartier. C’est une sorte d’ellipse dans la narration de la ville. Toute étude devra se soumettre à une analyse très minutieuse de l’existant considéré comme « ressource » potentielle et pas nécessairement comme contrainte. Le but ici étant de considérer le plan d’aménagement non seulement comme un document administratif opposable au tiers, mais surtout comme un document de stratégie, un document qui défi nit un cadre de référence.
Il est clair que l’avenir de Derb Ghallef est tributaire d’une décision de réaménagement prochaine. Seulement, il ne suffi t pas de prouver et de montrer comment ; il faut s’inscrire dans une vision économique et politique d’échelle nationale ou au moins de l’agglomération. En d’autres termes, une politique de réhabilitation n’est viable que si elle rend à la ville ce qu’elle lui donne. Les solutions ne peuvent être recherchées que par des projets ainsi que par l’exploration des besoins à satisfaire et des ressources disponibles, à l’échelle de chaque problème mais inscrite dans une logique de plus large emprise.
C’est ici que l’intervention de l’architecte commence. Mais il évolue en ce qui concerne Derb Ghallef dans une architecture sans architecte. Il se verra obligé d’adopter une attitude nouvelle, où les outils de sa recherche découleront paradoxalement de son étude, contrairement au schéma classique. Car Derb Ghallef renverse les théorèmes de la ville connue, et il serait risqué de vouloir l’appréhender autrement.